Écho du front

Un calme malsain régnait sur le Fort d'Ébène. L'on pouvait entendre le cliquetis des os sur l'acier, le forgeron qui martelait de la saronite chauffée, les abominations qui répandaient leur fiel et leurs miasmes à chacun de leur pas qui ferait passer un pachyderme pour un animal discret.
Au beau milieu de tout ceci, ils arrivaient à certains Runiques, et autres certains morts-vivants, d'échanger les dernières nouvelles. Les discussions types :

"T'as vu comment j'ai décapité cet Orc l'autre jour ? A une main ! Et avec le manche de ma lame, en plus !
- ... J'étais là, tu sais."

Étaient monnaie courante.
Et pourtant, parmi tous ces ragots se trouvaient parfois des échos énigmatiques, incertains. Cela tenait plus des potins que des majestueuses légendes.
Prenez celle-ci, par exemple. Les fameuses rumeurs sur l'avant-garde du Donjon de la Bravoure. Parvenu aisément aux oreilles des autres Chevaliers de la Mort, cette histoire naquit dans les tavernes, son origine venant de la bouche d'un fusiller Nain saoul comme trois.

"J'vous l'dis, les gars. J'l'ai vu ! L'type était là, au milieu de c'ta d'non-morts dégueulasses, y'en avait facile une trentaine, p't-êt' même plus !" crachait-t-il en ravalant une gorgée de sa bière brune qui avait tôt fait de rejoindre les vingt précédentes.
"Ca a duré même pas deux minutes, j'vous jure ! Et c'était tellement immonde, c'que ce dégénéré a fait, qu'j'ai failli rend' mes rations du midi et d'la veille en même temps ! Enfin, au moins, z'êtaient tous morts, ces saletés du Fléau !"

L'un des leurs avait trouvé son chemin sur une énième bataille où l'on quémandait l'aide de la très controversée Lame d'Ébène. Waldenström, Champion des Chevaliers de la Mort, était présent en Norfendre et le faisait aisément savoir.